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ÉCONOMISTE (Économie Mathématique et Économétrie Financière-Monétaire)

samedi 3 janvier 2015

COORDINATION DES POLITIQUES FINANCIERES EN ZONE CEMAC: OPPORTUNITES, CHALENGES ET LESSONS POUR LES SOUS REGIONS



Le sous-développement des systèmes financiers africains met en exergue l’inefficacité relative des politiques financières. Le problème est d’autant plus sérieux lorsque l’on considère les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale) qui sont membres d’une union monétaire et sujets à des politiques monétaires communes en l’absence pourtant d’une politique financière commune. Les enseignements que l’on a pu tirer des récentes crises financières et du fonctionnement de la régulation financière dans d’autres unions monétaires en général et en Union Européenne en particulier montrent qu’en l’absence de politique financière commune, l’heure est à la coordination des politiques financières. Le FMI (Fond Monétaire International), le G20, les ministres de finance de la zone Euro, l’AMF (Autorité des Marchés Financier) se sont récemment prononcés sur cette nécessité impérative. La COSUMAF (Commission de Surveillance du Marché Financier de l'Afrique Centrale) devrait normalement emboiter le pas. Cependant pour le cas spécifique de le sous région CEMAC la marche vers cette coordination au-delà d’une simple décision politique sous entend la résolution d’un certain nombre de problèmes. En effet même si l’on y note une régionalisation et une intégration régionale qui se renforce à un rythme lent au fil du temps, de réelles fragilités demeurent telles que par exemple les problèmes liés à l’hétérogénéité entre les pays et à la convergence qui n’est pas toujours assurée.
1)      Nécessité et opportunité d’une coordination des politiques financières en union monétaire :

La précédentes crises financières et la toute récente nous a montré que des décisions isolées en matière de politique financière ne peuvent qu’être à l’origine des problèmes et crises pouvant bien aller au-delà du pays l’ayant initié. Il ya donc bien la une nécessité tout au moins à la coordination de ces politiques. Cette coordination offrant au moins un environnement d’autocontrôle et par conséquent de stabilité dans la bonne santé économique. Ceci est d’autant plus d’actualité pour les pays membres d’une union monétaire et implémentant déjà une politique monétaire commune ; Alors même que chaque pays reste responsable de son propre système financier et de son budget, malgré le fait que les interdépendances majeures requièrent de la coordination. Penser qu'une monnaie commune peut marcher sans coordination des politiques économiques, financières, budgétaires, sociales n’est pas vérifié.  Le FMI, la BM (Banque Mondiale) et plusieurs autres auteurs scientifiques l’ont confirmé récemment : il est important de mener une politique financière « coordonnée » ou au mieux des cas « commune » en particulier lorsque l’on est constitué en union monétaire avec une politique monétaire commune. En effet une politique financière coordonnée peut aider à la prévention des crises budgétaires, à renforcer la marche vers l’intégration totale.
Récemment par exemple, après la crise financière qui a secouer le monde, l’UE à travers la réunion de ces ministres des finances  a prônée la coordination budgétaire et financière pour la prévention des crises budgétaires en proposant dans ce cadre la mise en place d’une « taxe bancaire et d'imposition des transactions financières » et la soumission et le contrôle des budgets. Poussés par la crise grecque, les Vingt-Sept de l’UE ont accepté la soumission de leurs budgets à leurs partenaires, a priori entre le 15 et le 30 avril de chaque année, c'est-à-dire avant le vote par leurs parlements nationaux. Dans ce cadre les autres pays pourront en effet tirer la sonnette d'alarme si les prévisions sont jugées irréalistes et cela donnera aux parlements nationaux des éléments d'appréciation extérieurs avant de voter les textes. Cependant, la taxe des transactions est un sujet plus délicat et prendra encore plus de temps, car les Européens veulent une décision au G20 avant de l'adopter.
De même à l'occasion de la présentation de son rapport annuel 2009, le président de l’AMF a affirmé qu’il est déterminant pour l’UE d’avoir une agence européenne des marchés dotée de pouvoirs réels ie un régulateur européen puissant. Même si cette volonté est confrontée principalement au manque de moyens, l’on peut noter en 2009, l’opérationnalité d’une direction de la relation avec les épargnants ; En 2010, d'autres évolutions se profilent à l’horizon grâce au renforcement des pouvoirs de l'AMF prévu par le projet de loi de régulation bancaire et financière qui donne principalement au gendarme boursier la capacité de sanctionner des abus de marchés ayant été réalisés à travers les produits dérivés. De même sur proposition de Trichet, l'Allemagne a récemment demandé la création d'un poste de « Ministre européen des finances » avec des compétences élargies pour assurer une meilleure coordination des politiques financières en Europe. Sarkozy à Toulon en 2008, parlait déjà de la crise en affirmant que le laxisme dans la marche vers une coordination des politiques financières en particulier serait préjudiciable ; Il a évoqué le fait que le Fonds européen de stabilité financière, présenté en 2010, n'était toujours pas pleinement opérationnel. Cette coordination des politiques financières en union monétaire dont la nécessité n’est plus a démontrer n’est donc cependant pas toujours facile à implémenter.
2)      Les principaux obstacles à la coordination des politiques financières en zone CEMAC
Les unions monétaires contemporaines y compris celle de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale), sont caractérisées par des arrangements institutionnels qui confient la politique monétaire à une entité supranationale; La politique budgétaire quant à elle, même si elle est coordonnée, reste du ressort de l’Etat; C’est la même situation pour la politique financière avec cependant une volonté d’intégration financière régionale avec pour aboutissement la coordination de la politique financière. Dans la marche vers cette intégration financière en zone CEMAC, la COSUMAF a été créée comme organe supranational de régulation et de développement du marché financier commun.
Comme il a été montré plus haut, la nécessité en zone CEMAC de repenser la politique financière pour une coordination demeure donc incontournable. Celle-ci suppose la convergence des économies comme pré requis pour justifier une pareille ambition en lieu et place des politiques nationales. Cependant l’union se faisant entre des pays différents, il existe des hétérogénéités qui peuvent s’avérer préjudiciables à la coordination des politiques financières. La CEMAC spécifiquement est née des cendres de l’UDEAC (Union Douanière des États de l’Afrique Centrale), une institution beaucoup plus héritée de la colonisation que d’une volonté basée sur une étude et un plan économique. Au caractère embryonnaire et à la différence de comportement et de qualité des marchés financiers s’ajoutent les problèmes d’hétérogénéité structurelles qui entravent la coordination des politiques financières dans la sous région (gestion des surplus/déficit budgétaires, des marchés financiers, de l’hétérogénéité de la relation épargne-investissement suivant les pays…etc.).
L’hétérogénéité-Pays et le problème de convergence sont une réalité en sous région CEMAC; En plus des études menées, la simple observation de l’évolution comparative des agrégats macroéconomiques par pays ressort bien cette situation. Ce qui implique qu’à l’État actuel une coordination des politiques financières peut conduire à des résultats différents selon les pays ; Il revient donc aux États de décider qu’il est souhaitable que les décisions engageant plusieurs économies tiennent compte des spécificités individuelles avant leur mise en œuvre ou de tendre vers une coordination des politiques financières. La seconde réponse est la meilleure d’autant plus qu’elle a été appliquée par d’autres ensembles régionaux. Le cas de l’Union Européenne qui a réussit à implémenter une politique monétaire commune dans un contexte de monnaie unique et qui est en marche vers une coordination des politiques financières avec pour base la marche vers la convergence des systèmes monétaires et financiers des États membres peut être cité comme exemple.
Si l’hétérogénéité des pays membres de la CEMAC est évidence, il convient de vérifier l’existence et la nature de la convergence des économies membres pour s’assurer de l’efficacité de la coordination des politiques financières. A cet effet, nous nous somme intéressé à l'implication de la dynamique de l’approfondissement financier pour la coordination de la politique financière dans la sous-région CEMAC. L’on a trouvé que la dynamique de convergence est évidente dans la sous-région et qu’après cinq ans, il ya possibilité d’une harmonisation de la politique financière, ce qui met en évidence la faisabilité d’une politique financière commune efficace pour l’approfondissement du système financier dans la sous-région; Toutefois, les résultats de l’étude montrent que les États membres devraient travailler sur une période de cinq ans pour éliminer les différences dans les caractéristiques structurelles et institutionnelles des pays qui les rendent hétérogènes et entravent l'efficacité des politiques financières communes.
3)      Conclusion et recommandation de politique économique
Notre présentation si dessus a permis de mettre en exergue le fait que les pays membres de la sous région CEMAC en particulier sont hétérogènes, ce qui tend à entraver la marche vers une politique financière de plus en plus coordonnée dans la sous région. Les faibles performances en termes de développement financier dans la sous région peuvent donc être attribuées à cette situation ; Les politiques financières nationales n’allant pas toujours dans le même sens et étant quelques fois antagonistes. La recommandation phare qui en découle directement est que les États membres de la zone CEMAC devraient travailler pendant un temps à réduire les hétérogénéité-pays qui caractérisent l’union pour assurer la convergence économique, socle d’une coordination des politiques financières implémentées et partant d’un espoir de mise en place d’une politique financière commune. Ceci à travers principalement une large réforme des mécanismes de décision et des sanctions dans la sous région, pour assurer une meilleure coordination efficace des politiques financières ; Il serait également intéressant de confier la gestion de l’union aux ministres de finances en lieu et place d’un président permanent n’ayant aucuns liens avec les politiques financières nationales implémentées.