Le
sous-développement des systèmes financiers africains met en exergue
l’inefficacité relative des politiques financières. Le problème est d’autant
plus sérieux lorsque l’on considère les pays de la CEMAC (Communauté Economique
et Monétaire d’Afrique Centrale) qui sont membres d’une union monétaire et
sujets à des politiques monétaires communes en l’absence pourtant d’une
politique financière commune. Les enseignements que l’on a pu tirer des
récentes crises financières et du fonctionnement de la régulation financière
dans d’autres unions monétaires en général et en Union Européenne en
particulier montrent qu’en l’absence de politique financière commune, l’heure est
à la coordination des politiques financières. Le FMI (Fond Monétaire
International), le G20, les ministres de finance de la zone Euro, l’AMF
(Autorité des Marchés Financier) se sont récemment prononcés sur cette
nécessité impérative. La COSUMAF (Commission de Surveillance du Marché
Financier de l'Afrique Centrale) devrait
normalement emboiter le pas. Cependant pour le cas spécifique de le sous région
CEMAC la marche vers cette coordination au-delà d’une simple décision politique
sous entend la résolution d’un certain nombre de problèmes. En effet même si
l’on y note une régionalisation et une intégration régionale qui se renforce à
un rythme lent au fil du temps, de réelles fragilités demeurent telles que par
exemple les problèmes liés à l’hétérogénéité entre les pays et à la convergence
qui n’est pas toujours assurée.
1) Nécessité et opportunité d’une
coordination des politiques financières en union monétaire :
La précédentes crises
financières et la toute récente nous a montré que des décisions isolées en matière
de politique financière ne peuvent qu’être à l’origine des problèmes et crises
pouvant bien aller au-delà du pays l’ayant initié. Il ya donc bien la une
nécessité tout au moins à la coordination de ces politiques. Cette coordination
offrant au moins un environnement d’autocontrôle et par conséquent de stabilité
dans la bonne santé économique. Ceci est d’autant plus d’actualité pour les
pays membres d’une union monétaire et implémentant déjà une politique monétaire
commune ; Alors même que chaque pays reste responsable de son propre
système financier et de son budget, malgré le fait que les interdépendances
majeures requièrent de la coordination. Penser qu'une monnaie commune peut
marcher sans coordination des
politiques économiques, financières,
budgétaires, sociales n’est pas vérifié. Le FMI, la BM (Banque
Mondiale) et plusieurs autres auteurs scientifiques l’ont confirmé récemment :
il est important de mener une politique financière « coordonnée » ou
au mieux des cas « commune » en particulier lorsque l’on est
constitué en union monétaire avec une politique monétaire commune. En effet une
politique financière coordonnée peut aider à la prévention des crises
budgétaires, à renforcer la marche vers l’intégration totale.
Récemment par exemple, après la crise
financière qui a secouer le monde, l’UE à travers la réunion de ces ministres
des finances a prônée la coordination budgétaire et financière pour la prévention des
crises budgétaires en proposant dans ce cadre la mise en place d’une
« taxe bancaire et d'imposition des transactions financières » et la soumission et le contrôle des budgets. Poussés
par la crise grecque, les Vingt-Sept de l’UE ont accepté la soumission de leurs
budgets à leurs partenaires, a priori entre le 15 et le 30 avril de
chaque année, c'est-à-dire avant le vote par leurs parlements nationaux. Dans
ce cadre les autres pays pourront en effet tirer la sonnette d'alarme si les
prévisions sont jugées irréalistes et cela donnera aux parlements
nationaux des éléments d'appréciation extérieurs avant de voter les textes. Cependant,
la taxe des transactions est un sujet plus délicat et prendra encore plus de
temps, car les Européens veulent une décision au G20 avant de l'adopter.
De même à l'occasion de la
présentation de son rapport annuel 2009, le président de l’AMF a affirmé qu’il
est déterminant pour l’UE d’avoir une agence européenne des marchés dotée de
pouvoirs réels ie un régulateur européen puissant. Même si cette volonté est
confrontée principalement au manque de moyens, l’on peut noter en 2009,
l’opérationnalité d’une direction de la relation avec les épargnants ; En
2010, d'autres évolutions se profilent à l’horizon grâce au renforcement des
pouvoirs de l'AMF prévu par le projet de loi de régulation bancaire et
financière qui donne principalement au gendarme boursier la capacité de sanctionner
des abus de marchés ayant été réalisés à travers les produits dérivés. De même
sur proposition de Trichet, l'Allemagne a récemment demandé la création d'un
poste de « Ministre européen des finances » avec des compétences
élargies pour assurer une meilleure coordination des politiques financières en
Europe. Sarkozy à Toulon en 2008, parlait déjà de la crise en affirmant que le
laxisme dans la marche vers une coordination des politiques financières en
particulier serait préjudiciable ; Il a évoqué le fait que le Fonds
européen de stabilité financière, présenté en 2010, n'était toujours pas
pleinement opérationnel. Cette coordination des politiques financières en union
monétaire dont la nécessité n’est plus a démontrer n’est donc cependant pas
toujours facile à implémenter.
2) Les principaux obstacles à la
coordination des politiques financières en zone CEMAC
Les unions monétaires contemporaines y compris celle de la CEMAC (Communauté
Economique et Monétaire d’Afrique Centrale), sont caractérisées par des
arrangements institutionnels qui confient la politique monétaire à une entité
supranationale; La politique budgétaire quant à elle, même si elle est
coordonnée, reste du ressort de l’Etat; C’est la même situation pour la
politique financière avec cependant une volonté d’intégration financière
régionale avec pour aboutissement la coordination de la politique financière.
Dans la marche vers cette intégration financière en zone CEMAC, la COSUMAF a
été créée comme organe supranational de régulation et de développement du
marché financier commun.
Comme il a été montré plus haut, la nécessité en zone CEMAC de repenser
la politique financière pour une coordination demeure donc incontournable.
Celle-ci suppose la convergence des économies comme pré requis pour justifier
une pareille ambition en lieu et place des politiques nationales. Cependant l’union se faisant entre des pays différents, il existe des
hétérogénéités qui peuvent s’avérer préjudiciables à la coordination des
politiques financières. La CEMAC spécifiquement est née des cendres de
l’UDEAC (Union Douanière des États de l’Afrique Centrale), une institution
beaucoup plus héritée de la colonisation que d’une volonté basée sur une étude
et un plan économique. Au caractère embryonnaire et à la différence de
comportement et de qualité des marchés financiers s’ajoutent les problèmes
d’hétérogénéité structurelles qui entravent la coordination des politiques
financières dans la sous région (gestion des surplus/déficit budgétaires, des
marchés financiers, de l’hétérogénéité de la relation épargne-investissement
suivant les pays…etc.).
L’hétérogénéité-Pays et le
problème de convergence sont une réalité en sous région CEMAC; En plus des études menées, la simple observation
de l’évolution comparative des agrégats macroéconomiques par pays ressort bien
cette situation. Ce qui implique qu’à l’État actuel une coordination des politiques financières peut conduire à des
résultats différents selon les pays ; Il revient donc aux États de décider
qu’il est souhaitable que les décisions engageant plusieurs économies tiennent
compte des spécificités individuelles avant leur mise en œuvre ou de tendre
vers une coordination des politiques financières. La seconde réponse est la
meilleure d’autant plus qu’elle a été appliquée par d’autres ensembles
régionaux. Le cas de l’Union Européenne qui a réussit à implémenter une
politique monétaire commune dans un contexte de monnaie unique et qui est en
marche vers une coordination des politiques financières avec pour base la marche
vers la convergence des systèmes monétaires et financiers des États membres
peut être cité comme exemple.
Si l’hétérogénéité des pays membres de la CEMAC est évidence, il convient
de vérifier l’existence et la nature de la convergence des économies membres
pour s’assurer de l’efficacité de la coordination des politiques financières. A
cet effet, nous nous somme intéressé à l'implication de la dynamique de
l’approfondissement financier pour la coordination de la politique financière
dans la sous-région CEMAC. L’on a trouvé que la dynamique de convergence est
évidente dans la sous-région et qu’après cinq ans, il ya possibilité d’une
harmonisation de la politique financière, ce qui met en évidence la faisabilité
d’une politique financière commune efficace pour l’approfondissement du système
financier dans la sous-région; Toutefois, les résultats de l’étude montrent que
les États membres devraient travailler sur une période de cinq ans pour
éliminer les différences dans les caractéristiques structurelles et institutionnelles
des pays qui les rendent hétérogènes et entravent l'efficacité des politiques
financières communes.
3) Conclusion et recommandation de
politique économique
Notre présentation si
dessus a permis de mettre en exergue le fait que les pays membres de la sous
région CEMAC en particulier sont hétérogènes, ce qui tend à entraver la marche
vers une politique financière de plus en plus coordonnée dans la sous région.
Les faibles performances en termes de développement financier dans la sous
région peuvent donc être attribuées à cette situation ; Les politiques
financières nationales n’allant pas toujours dans le même sens et étant
quelques fois antagonistes. La recommandation phare qui en découle directement
est que les États membres de la zone CEMAC devraient travailler pendant un
temps à réduire les hétérogénéité-pays qui caractérisent l’union pour assurer la
convergence économique, socle d’une coordination des politiques financières
implémentées et partant d’un espoir de mise en place d’une politique financière
commune. Ceci à travers principalement une large réforme des mécanismes de
décision et des sanctions dans la sous région, pour assurer une meilleure coordination efficace des politiques financières ; Il serait également
intéressant de confier la gestion de l’union aux ministres de finances en lieu
et place d’un président permanent n’ayant aucuns liens avec les politiques
financières nationales implémentées.